Déserts médicaux : une avancée majeure attendue pour septembre ?

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a annoncé lundi que le gouvernement détaillerait prochainement son plan de lutte contre les déserts médicaux, avec l’objectif de le rendre opérationnel « au plus tard début septembre ».
Le gouvernement face à la pénurie de médecins
Le 2 avril 2025, l’Assemblée nationale a adopté une mesure visant à améliorer la répartition des médecins sur le territoire. Le Premier ministre François Bayrou a qualifié cette initiative de « changement radical », soulignant que « 87 % du territoire est classé en désert médical ». Parmi les propositions les plus marquantes figurent l’obligation pour certains médecins de consulter deux jours par mois dans des zones prioritaires, afin de pallier les inégalités d’accès aux soins.
Cette mesure de coercition a suscité une vive opposition de la part de la profession, incitant Catherine Vautrin à préciser les modalités de son application ce lundi matin au cours d’une interview sur TF1. « Le Premier ministre a souhaité que nous mettions en place une réponse rapide, et celle-ci prendra la forme de quelque chose que les généralistes comme les spécialistes connaissent bien, c’est la notion de consultation avancée », a expliqué la ministre. « En d’autres termes, on demandera aux médecins d’aller au maximum deux jours par mois dans ces zones », a-t-elle précisé.
Bien que l’obligation de réaliser deux consultations par mois dans ces zones soit donc susceptible de perdurer, l’option d’une installation contraignante dans un désert médical ne serait pas maintenue. « Nous n’obligerons pas à l’installation mais nous demandons une solidarité le temps que nous formions mieux », a ajouté Catherine Vautrin.
Une mise en oeuvre prévue d’ici la rentrée
Pour attirer les jeunes praticiens dans les zones sous-dotées, le gouvernement prévoit des compensations pécuniaires. « Quelles seront les conditions financières ? Tout cela est en train de se déterminer », a expliqué Catherine Vautrin, insistant sur le fait que l’objectif est de « devenir totalement opérationnel au plus tard début septembre », afin de répondre aux besoins urgents des populations concernées.
Reste une question cruciale : qui s'occupera des patients habituels du médecin lorsque celui-ci se rendra dans une autre ville que la sienne ? Là encore, les réflexions sont en cours.
Un dossier explosif
D'ici la fin du mois de mai, le gouvernement publiera une cartographie détaillée des déserts médicaux en France. Selon la ministre de la Santé, cet outil permettra de « cartographier précisément, bassin de vie par bassin de vie, les zones manquant de médecins ». Pour Catherine Vautrin, il existe un nombre important de maisons médicales inoccupées à travers le pays, et il est impératif de remédier à cette situation.
Cependant, la mise en œuvre des mesures visant à encourager l'installation de médecins dans ces zones risque de devenir un exercice complexe pour l'exécutif. Si l'objectif d'assurer un accès aux soins pour tous les Français, quel que soit leur lieu de résidence, est fondamental, le Gouvernement veut éviter d’exacerber les tensions au sein de la profession médicale. Cette dernière, influente et largement représentée auprès des pouvoirs publics, pourrait en effet réagir défavorablement à des mesures jugées trop contraignantes.
Les médecins ont d'ailleurs déjà commencé à se mobiliser, entre grève ce lundi et manifestations partout en France à partir de demain. Rappelons qu'à ce jour, plus de six millions de Français, soit 11 % de la population, n'ont toujours pas de médecin traitant.