Déficit public : pourquoi les 40 milliards d’économies du gouvernement ne sont pas ce que vous croyez

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Déficit public : pourquoi les 40 milliards d’économies du gouvernement ne sont pas ce que vous croyez

Le gouvernement dévoilera ce mardi 15 juillet à 16h les grandes orientations du budget 2026, et un chiffre domine dans la communication officielle : les « 40 milliards d’euros d’économies ».

C’est le montant que François Bayrou, Premier ministre depuis fin 2024, souhaite atteindre pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB, conformément aux engagements européens. Mais que couvre ce chiffre spectaculaire ?

Un chiffre construit sur un scénario fictif

Le déficit public français devrait atteindre 5,4 % du PIB en 2025, bien au-dessus des 3 % autorisés par les règles européennes. Pour rassurer les marchés et l’Union Européenne, le gouvernement veut montrer sa volonté de redresser les comptes. Il s’est donc fixé l’objectif de ramener le déficit à 4,6 % en 2026. Ce qui, selon les calculs du ministère de l’Économie, nécessite une réduction de l’écart entre les dépenses et les recettes de 40 milliards d’euros.

Toutefois, ce chiffre est à prendre avec des pincettes : les « 40 milliards d’euros » ne sont pas calculés en comparant le budget 2026 à celui de 2025, comme il est d’usage de le faire. Ils sont déduits d’un scénario fictif - appelé « tendanciel » - dans lequel les dépenses publiques continueraient à croître mécaniquement, sans aucune mesure de régulation. Il s’agit donc ici d’un budget fictif, qui sert uniquement de point de référence pour mesurer l’effort requis.

Cette méthode de calcul, introduite pour le budget 2025 sous l’impulsion de Michel Barnier, est désormais reconduite par François Bayrou. Elle consiste à projeter ce que coûterait l’inaction budgétaire sur l’année à venir, puis à comparer ce scénario avec l’objectif visé. Résultat : les 40 milliards d’euros ne sont pas des coupes budgétaires nettes par rapport à 2025, mais une différence avec une projection de budget théorique.

Des hypothèses qui ne sont pas publiques

Lors d’une audition au Sénat le 17 juin 2025, la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a donné un aperçu de la mécanique :

  • Le gouvernement a d’abord projeté les dépenses publiques de 2026 à 1750 milliards d’euros;
  • Pour limiter le déficit à 4,6 % du PIB, ces dépenses devraient en réalité se limiter à 1 710 milliards d’euros;
  • C’est la différence entre ces deux montants qui correspond aux 40 milliards d’euros.

Or, selon Le Monde, les hypothèses de ce scénario budgétaire tendanciel n’ont jamais été rendues publiques : aucun économiste extérieur, ni même le Haut Conseil des finances publiques ou l'Institut des politiques publiques ne sont en mesure de les vérifier. En l’absence de transparence, il semble alors difficile de savoir si cet objectif est réaliste, surestimé ou sous-estimé.

Des économies d’environ 24,5 milliards d’euros, selon la méthode de calcul classique

En réalité, si le gouvernement avait présenté son budget selon la méthode classique, c’est-à-dire en comparant 2026 à 2025, l’effort nécessaire serait d’environ 24,5 milliards d’euros - soit presque de deux fois moins que les 40 milliards annoncés.

Une stratégie de communication ?

Le choix de cette méthode de calcul - qui permet de gonfler l’écart budgétaire visé - permet au gouvernement de donner des gages de sérieux à ses partenaires européens, tout en affichant une certaine rigueur face à l’opinion publique. Mais elle pourrait aussi alimenter la défiance, si les Français constatent que les mesures annoncées n’ont pas l’impact promis.

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