Découverts bancaires : dans un an, vos écarts pourraient vous coûter beaucoup plus cher
À partir de novembre 2026, le découvert bancaire sera soumis à des conditions plus strictes. L’objectif : mieux encadrer cette pratique souvent utilisée comme un crédit déguisé. Mais pour de nombreux ménages, cette réforme risque de compliquer le quotidien.
Un encadrement plus strict à venir
Près d’un Français sur quatre (22 %) se retrouve à découvert chaque mois à partir du 16, selon une étude menée par Lesfurets avec CSA Research. Jusqu’à présent, les banques pouvaient accorder un découvert quasi automatiquement, sur simple demande du client, pour des montants variables - 100 €, 200 €, 500 €, voire 1 000 € - selon les fonds disponibles sur le compte.
En cas de dépassement du plafond autorisé, le client devait s’acquitter de pénalités, communément appelées agios. Mais la réglementation française va évoluer dès le 20 novembre 2026, afin de se conformer à une directive européenne, bouleversant potentiellement les habitudes de millions d’épargnants.
Vers un alignement sur le crédit à la consommation
À partir de cette date, tout découvert supérieur à 200 euros se verra appliquer les règles des crédits à la consommation. Avant de l’accorder, l’établissement bancaire devra ainsi évaluer la solvabilité du client, en tenant compte de ses revenus, de ses charges, de ses antécédents bancaires et de son taux d’endettement. Une autorisation formelle deviendra obligatoire, et les conditions devront être précisées par écrit.
Si la demande est acceptée, les intérêts remplaceront les agios actuellement appliqués. Leur niveau reste à ce jour inconnu, mais il dépendra logiquement du profil de risque et de la capacité de remboursement du client.
Des inquiétudes partagées par les banques et les clients
Si le texte vise à renforcer la protection des consommateurs, il suscite pourtant de fortes réserves. Pour de nombreux foyers modestes, le découvert constitue une véritable bouée de secours. En le soumettant à un examen de solvabilité, certains craignent d’en être exclus.
Le président de la Fédération bancaire française (FBF), Daniel Baal, estime ainsi que cette mesure « compliquera la vie de nombreux ménages ». Dans une publication sur LinkedIn, celui qui est également président du Crédit Mutuel la juge « complètement inadaptée et disproportionnée », ajoutant qu’elle sera « nuisible à l’expérience client ».
Fait rare, cette directive réunit des voix politiques habituellement opposées. Le président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, dénonce sur X « une aberration », alors « que de nombreux Français n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois ». Quant à Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, il déplore une « infantilisation insupportable des rapports humains avec ceux qui vérifieront le bien-fondé des dépenses ».
La Fédération bancaire française tente de calmer le jeu
Face à la montée des critiques - venues des banques, des politiques et des associations de consommateurs -, la Fédération bancaire française a publié, jeudi 30 octobre, un communiqué destiné à clarifier l’application de la directive.
Elle y rappelle que la mesure ne sera pas rétroactive : les découverts déjà en place avant le 20 novembre 2026 ne seront pas concernés. Par ailleurs, le texte n’imposera pas aux clients de formuler une demande à chaque besoin ponctuel de découvert.
En attendant la mise en œuvre de la réforme, certains groupes politiques, dont La France insoumise, ont déjà annoncé leur intention de déposer une proposition de loi visant à « abroger cette mesure scandaleuse ».