Complémentaires santé : en 2020, les cotisations et les prestations gérées par les organismes sont en baisse

Vendredi dernier, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié son rapport annuel sur la situation financière des organismes complémentaires assurant une couverture santé. Zoom sur les principaux aspects de l’activité d’assurance santé de ces organismes en 2020 : cotisations collectées, prestations reversées, charges de gestion et rentabilité.
À NOTER
En France, trois familles d’organismes exercent une activité d’assurance : les mutuelles, les sociétés d’assurances et les institutions de prévoyance.
Ces organismes sont en particulier présents sur le marché de l’assurance santé complémentaire (remboursements de dépenses de santé en nature qui viennent compléter la prise en charge des dépenses de santé après intervention de l’Assurance maladie).
Le secteur des complémentaires santé, un marché concentré
En 2020, le rapport de la DREES relève que 428 organismes exercent une activité de complémentaire santé :
- 301 mutuelles ;
- 102 sociétés d’assurances ;
- 25 institutions de prévoyance.
Pour autant, les vingt plus grands organismes concentrent à eux seuls plus de la moitié du marché en matière de cotisations collectées, et les cent plus grands (soit un peu moins d’un quart des organismes) en détiennent 91 %. Les vingt plus grands organismes représentent 13 points de parts de marché de plus qu’en 2011.
Le poids de l’activité de complémentaire santé quant à lui diffère en fonction de la nature de l’organisme. Ainsi, en 2019 :
- La santé représente 83 % des cotisations des mutuelles ;
- 48 % de celles des institutions de prévoyance ;
- Et seulement 6 % de celles des sociétés d’assurances.
Des cotisations collectées en baisse, de même que les prestations versées
Une diminution des cotisations collectées de 0,3 %
En 2020, la masse totale des cotisations collectées en santé s’établit à 38, milliards d’euros. Elle a diminué de 114 millions d’euros entre 2019 et 2020 (soit une baisse de 0,3 %). Pour la DREES, cette baisse est liée à la montée en charge de la réforme de la Complémentaire santé solidaire (CSS), qui réduit progressivement les cotisations perçues par les organismes complémentaires, mais est également le reflet de la dégradation du marché du travail consécutive à la pandémie de Covid-19.
Pour autant, en collectif, la masse des cotisations collectées en santé a continué à augmenter, de 30 millions d’euros en 2020 (soit une hausse de 0,2 %) par rapport à 2019, contrairement aux cotisations en individuel, qui diminuent de 145 millions d’euros entre ces deux années (soit une baisse de 0,7 %). D’après l’étude, la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise depuis 2016, a fait gagner aux contrats collectifs du terrain sur les contrats individuels. En 2011, les contrats collectifs représentaient 41 % des cotisations collectées en santé, tandis qu’en 2020, ils en représentent 49 %.
En termes de répartition, les mutuelles sont historiquement davantage positionnées sur les contrats santé individuels, tandis que les institutions de prévoyance le sont davantage sur les contrats santé collectifs. Les sociétés d’assurance, quant à elles, ont une position intermédiaire. Les mutuelles restent toutefois prédominantes sur le marché de l’assurance santé (49 % des cotisations collectées en 2020).
Des prestations santé en très forte baisse
En 2020, les charges de prestations hors frais de gestion des sinistres versées par les organismes complémentaires ont fortement diminué. Elles diminuent de 2,4 milliards d’euros (soit une baisse de 7,9 %), en passant de 30,3 milliards d’euros en 2019 à 27,9 milliards d’euros en 2020.
Pour la DREES, cette situation s’explique directement par la baisse de la consommation de soins et biens médicaux, notamment lors du premier confinement.
L’étude relève par ailleurs que 78 % des cotisations sont reversées en prestations, tandis que 20 % couvrent les charges de gestion des organismes. Les contrats collectifs offrent un retour sur cotisations plus élevé (85 %) que les contrats individuels (71 %). Les institutions de prévoyance offrent le meilleur retour sur cotisations (87 %), devant les mutuelles (76 %) et les sociétés d’assurances (76 %). Cette hiérarchie s’explique en partie par le poids que représentent les contrats collectifs dans leur activité.
Un secteur qui reste globalement excédentaire
Le rapport de la DREES montre également que les organismes de complémentaire santé ont dans leur ensemble pu dégager des excédents sur leur activité santé, atteignant au total 637 millions d’euros, soit 1,7 % des cotisations collectées hors taxe en 2020.
Pour les mutuelles et les sociétés d’assurances, le résultat technique en santé est excédentaire en 2020. La rentabilité des mutuelles dépasse exceptionnellement celle des sociétés d’assurances (3,2 % pour les mutuelles, contre 1,8 % pour les sociétés d’assurances). L’activité en santé des institutions de prévoyance reste en revanche déficitaire en 2020 (-3,1 %). Pour la DREES, cet écart de rentabilité entre les types d’organismes complémentaires s’explique notamment par des répartitions différentes entre les contrats individuels et les contrats collectifs selon les organismes.
Globalement, l’étude conclut que les organismes complémentaires qui exercent une activité d’assurance santé sont « financièrement solides ». Sur la totalité de leur activité, en 2020, ces derniers ont dégagé des excédents représentant en moyenne 2,9 % de l’ensemble des cotisations collectées hors taxe. Pour autant, les institutions de prévoyance, qui sont déficitaires en santé, le sont également sur l’intégralité de leur activité (avec un résultat net de -2,2 % des cotisations collectées hors taxe).