Comment sont définis les déserts médicaux ?

Avec 334 médecins pour 100 000 habitants (données INSEE), la France ne manque pas de médecins. Pourtant, elle compte de nombreux déserts médicaux, c’est-à-dire des territoires où l’offre médicale est insuffisante pour répondre aux besoins de la population.
De moins en moins de généralistes, de spécialistes, une répartition hétérogène des professionnels de santé, l’étude de la DREES, publiée en mai 2017, s’attachait à définir et mesurer les « désert médicaux », une notion qui n’avait jusqu’à présent pas de définition ou de caractéristiques officielles.
Lundi 13 novembre, une méthodologie de détermination des déserts médicaux est parue au journal officiel.
Accessibilité potentielle localisée
La DREES et l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) ont développé conjointement un indicateur d’accessibilité aux soins : l’accessibilité potentielle localisée (APL).
Cet indicateur synthétique permet de tenir compte à la fois de la proximité et de la disponibilité des médecins : pour connaître l’accessibilité d’un patient, cet indicateur totalise le nombre de consultations par visites que peuvent lui proposer les médecins accessibles.
Calcul de l’APL par territoire
L'indicateur APL, calculé par la DREES, considère notamment :
- L’activité de chaque praticien, mesurée par le nombre de consultations ou visites effectuées par le praticien
- Le temps d'accès au praticien selon une fonction décroissante entre 0 et 20 minutes
- La consommation de soins par classe d'âge pour tenir compte des besoins différenciés en offre de soins
On obtient ainsi un nombre de consultations/visites accessibles pour chaque habitant.
Détermination des seuils d’identification des déserts médicaux
Un habitant bénéficie en moyenne nationale de 3,8 consultations par an, ainsi il est considéré que :
- Une offre médicale est insuffisante dès lors qu'elle est inférieure d'au moins un tiers à cette valeur, soit inférieure à 2,5 consultations par an par habitant
- Le niveau de l'offre de soins ne permet pas de répondre de manière satisfaisante aux besoins de la population lorsque l'indicateur APL est inférieur à 4 consultations par an par habitant
En conclusion :
Les zones dans lesquelles l'indicateur APL est inférieur à 2,5 consultations par an par habitant, en tenant compte de l'offre des médecins généralistes âgés de 65 ans ou moins, constituent des déserts médicaux. Ces zones sont obligatoirement sélectionnées par l'agence régionale de santé (zones A) pour faire partie des zones d'intervention prioritaire et sont identifiées par arrêté.
Les zones dans lesquelles l'indicateur APL est compris entre 2,5 et 4 consultations par an par habitant, en tenant compte de l'offre des médecins généralistes âgés de 65 ans ou moins, constituent le vivier. Ces zones B sont déterminées par le directeur général de l'agence régionale de santé qui peut retenir des indicateurs complémentaires à l'indicateur APL pour les définir :
- La part de la population en Affection de longue durée (ALD)
- La proportion de médecins exerçant en secteur 1
- Le taux d'hospitalisations potentiellement évitables
Ainsi, les zones A et B constituent les zones d'intervention prioritaire et sont éligibles à toutes les mesures et aides à l'installation des médecins prévues par la réglementation.
À LIRE :
Vendredi 13 octobre, la ministre des Solidarités et de la Santé et le Premier ministre Edouard Philippe présentaient un ensemble de mesures visant à lutter contre les déserts médicaux.