Cancer : un impact négatif sur l’emploi

La dernière étude de l’Institut de Recherche et Documentation en économie de la Santé (IRDES) s’intéresse aux effets des cancers sur la trajectoire professionnelle.
Grâce à la base de données administratives Hygie, les effets des cancers sur le marché du travail ont été évalués sur 1 à 5 ans suivant la survenance de la maladie.
Sans surprise, les résultats montrent que l’apparition d’un cancer a des effets négatifs sur le travail (accroissement des arrêts maladie, situations d’inactivité, etc.).
L’ampleur des conséquences professionnelles liées au cancer varie selon le type de cancer, sa sévérité, le sexe et l’âge auquel survient la maladie.
Les cancers féminins entraînent une forte dégradation de l’emploi
La survenance de cancers féminins (sein, col de l’utérus, ovaires) a un effet délétère sur l’emploi, et particulièrement lorsqu’ils apparaissent chez un sujet jeune.
Prenons le cas du cancer du sein : 1 an après sa survenance, la proportion de femmes qui travaillent encore probablement baisse de 9,9 points par pourcentages. Dans le même temps, on note un accroissement conséquent des arrêts maladie (+ 53,1 points par pourcentages), mais qui s’estompe au fil des ans (+ 5 points par pourcentages après 5 années).
A 5 ans, le nombre de femmes qui travaillent continue à baisser pour atteindre 11,3 points par pourcentages. Parallèlement, le nombre de personnes en situation durable d’inactivité augmente et s’établit à + 9,4 points par pourcentages, 5 ans après le diagnostic.
Plusieurs phénomènes peuvent contribuer à expliquer cette sortie du marché du travail après un cancer du sein :
- Séquelles (plus ou moins variables selon le type de cancer du sein et le traitement reçu)
- Fatigue physique et psychologique, douleurs
Si le cancer du col de l’utérus semble avoir des effets plus marqués sur l’emploi que le cancer du sein (baisse de 13,3 points par pourcentages de la probabilité d’être en emploi 1 an après un cancer du col de l’utérus). Ce phénomène s’expliquerait prétendument par une augmentation du nombre d’arrêts maladie (+ 36,3 points par pourcentages), liée aux traitements et séquelles de la maladie.
Le cancer de l’ovaire est celui dont l’apparition est la plus nuisible pour l’emploi. En cause, un diagnostic souvent difficile et donc tardif qui se traduit par des traitements lourds (chimiothérapie, etc.), difficilement conciliables avec une activité professionnelle.
Ainsi, un an après l’apparition de la maladie, la probabilité d’être en emploi diminue de 15,8 points par pourcentages, au profit de l’inactivité qui est en hausse de 16,8 points par pourcentages. Notons également un nombre d’arrêts maladie augmentant très fortement (+ 55 points par pourcentages).
Les cancers de l’appareil reproducteur masculin moins pénalisants pour l’emploi
Globalement, les cancers de l’appareil reproducteur masculin (testicule et prostate), ont un impact moins négatif sur l’emploi que les cancers féminins. Deux explications à cela :
- Le cancer de la prostate survient assez tardivement dans le cycle de vie professionnel
- Le cancer du testicule, s’il survient chez le sujet jeune, connaît une pronostic très favorable
1 an après un cancer de la prostate, la probabilité d’être en emploi diminue dans des proportions très faibles : -3,9 points par pourcentages. Cette part croît avec le temps et passe à – 14,1 points par pourcentages. Raison principale : les séquelles liées au traitement du cancer parfois graves, rendant inconciliables avec une activité professionnelle (incontinence, etc.)
L’effet du cancer du testicule reste relativement contenu : 1 an après l’apparition du cancer, la probabilité d’être en emploi diminue de 3,1 points par pourcentages ; 5 ans après, elle passe à -1,4 points par pourcentages.
Des effets différenciés des cancers du poumon, du côlon et de la thyroïde
Les cancers touchant les deux sexes (poumon, côlon, tyroïde) ont des effets variés sur l’emploi en fonction de la sévérité de leurs atteintes.
Le cancer du poumon est associé à un diagnostic sombre et les traitements sont peu compatibles avec le maintien en emploi et ce, particulièrement pour les hommes. D’ailleurs 1 an après l’apparition d’un cancer du poumon chez un homme, la probabilité d’emploi chute de 17 points par pourcentages (11,9 chez les femmes). Sur 5 ans, elle baisse de 27,1 points par pourcentages (et 27,6 pour les femmes).
5 ans après un cancer du poumon, la probabilité d’être en inactivité augmente de 33 points par pourcentages chez les hommes et de 35,8 chez les femmes contre respectivement 19,4 et 11,3 points par pourcentages la première année.
Concernant le cancer du côlon, la probabilité d’emploi un an après le diagnostic baisse de 5,7 points par pourcentage chez les hommes et 6,9 chez les femmes. A 5 ans, elle baisse de 10,5 et de 7,9 points par pourcentages.
La chirurgie et le traitement par chimiothérapie étant très fréquents dans le cadre d’un cancer du côlon, ce qui requiert une augmentation du temps probable passé en inactivité : par exemple, chez les femmes, un an après l’apparition du cancer du côlon, l’inactivité probable augmente de 11,3 points par pourcentages ; sur 5 ans, elle s’établit à 35,8 points par pourcentages.