Budget 2026 : taxes sur les holdings, gel des prestations sociales, suppression de niches fiscales… Le plan Lecornu pour redresser les comptes publics

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Budget 2026 : taxes sur les holdings, gel des prestations sociales, suppression de niches fiscales… Le plan Lecornu pour redresser les comptes publics

Présenté mardi 14 octobre, le premier budget du gouvernement Lecornu s’inscrit dans une séquence politique à haut risque. Entre la pression des marchés, les exigences européennes et une majorité parlementaire fragile, l’exécutif tente de redresser les finances publiques sans provoquer de nouvelle rupture sociale.

Le texte prévoit de nouvelles taxes sur les grandes fortunes et les multinationales, un gel inédit des retraites et la suppression de plusieurs niches fiscales, tout en promettant de contenir le déficit public sous la barre des 5 % du PIB.

L’effort budgétaire prévu

L’effort budgétaire global, évalué à près de 30 milliards d’euros, se partagerait entre environ 17 milliards d’économies et près de 14 milliards de recettes nouvelles. Pour contenir la dépense, le gouvernement compte sur une progression plus limitée des dépenses de santé, plafonnée à 1,6 % : un rythme historiquement bas, qui suppose à nouveau des rationalisations dans les hôpitaux et une modération de la masse salariale dans les établissements publics.

3 119 postes de fonctionnaires en moins pour une « maîtrise de l’emploi public »

Le gouvernement prévoit en effet une réduction de 3 119 postes de fonctionnaires en 2026, dans le cadre de sa politique de rationalisation de l’emploi public. L’effort devrait avant tout porter sur les opérateurs et agences de l’État, où 1 735 postes seraient supprimés dans les 434 structures concernées (organismes de recherche, agences environnementales ou établissements techniques, par exemple).

S’ajouteraient à cela des non-remplacements d’emploi au sein des caisses de Sécurité sociale, pour aboutir à un total d’environ 3 000 emplois non renouvelés dans l’ensemble du secteur public. L’exécutif présente cette mesure comme un levier de maîtrise de la dépense, sans nouvelles vagues de licenciements, mais par un gel partiel des embauches.

Une nouvelle taxe sur les holdings pour cibler les grandes fortunes

Mesure la plus commentée du projet, le gouvernement veut instaurer une taxe sur les actifs « non productifs » détenus par les holdings patrimoniales. Ces structures, qui permettent aux ménages les plus fortunés de placer leur capital dans des sociétés sans activité opérationnelle directe, échappent ainsi en partie à l’impôt sur le revenu ou sur la fortune mobilière. La nouvelle taxe, pensée comme une version atténuée de la “taxe Zucman”, concernerait entre 20 000 et 30 000 holdings et pourrait rapporter jusqu’à 1,5 milliard d’euros. Les biens professionnels en seraient exclus, réduisant ainsi une grande partie des économies qu’aurait pu permettre de faire la taxe Zucman.

Les grandes entreprises restent mises à contribution

Deux impôts temporaires créés en 2025 seraient prolongés : tout d’abord, la contribution différentielle sur les hauts revenus, qui imposerait un taux minimal de 20 % pour les foyers dont les revenus dépassent 250 000 € pour une personne célibataire ou 500 000 € pour un couple.

Deuxièmement, la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises serait maintenue, mais à un taux réduit de moitié. Cette contribution, appliquée aux 400 groupes réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires en France, ne devrait plus rapporter que 4 milliards d’euros, contre 8 milliards en 2025.

Taxe sur les colis étrangers et fiscalisation des produits de vapotage

Le gouvernement souhaite mettre en place une taxe sur les petits colis importés depuis les pays extérieurs à l’Union européenne, en particulier par la Chine (jusqu’ici, les colis de moins de 150 € échappaient à la TVA et aux droits de douane).

Le projet de budget prévoit aussi la fiscalisation des produits de vapotage. Jusqu’ici épargné, le secteur des e-cigarettes sera désormais soumis à une taxe équivalente à celle sur les produits du tabac.

Gel des pensions de retraite et prestations familiales en 2026

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit un gel des pensions de retraite et des prestations familiales en 2026, ce qui signifie que leurs montants resteraient inchangés même si l’inflation augmente. À partir de 2027, ces revenus sociaux seraient soumis à une sous-indexation de 0,4 point, c’est-à-dire qu’ils progresseraient légèrement moins vite que l’inflation.

Pensions de retraite : une réforme sur l’abattement fiscal

Sur le plan fiscal, le gouvernement propose de remplacer l’abattement de 10 % sur les pensions par un abattement forfaitaire de 2 000 euros. Concrètement, chaque retraité pourra soustraire 2 000 € de ses revenus imposables, quel que soit le montant de sa pension. Cette réforme avantagerait les retraités modestes, pour qui l’ancien abattement proportionnel était limité, mais augmenterait l’impôt des retraités les plus aisés.

La suppression de niches fiscales

Sur 474 dispositifs de niches fiscales, 23 seraient supprimés. Certaines suppressions seraient purement techniques (des niches inutilisées ou obsolètes, comme l’exonération d’impôt sur le prix Nobel), alors que d’autres font davantage débat, comme la suppression de la réduction pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur, ou les avantages sur les carburants « verts ».

Un budget sous haute tension politique

Sébastien Lecornu présente ce projet comme un texte « ouvert au débat », refusant d’emblée le recours à l’article 49.3. Un geste qui a pour objectif d’apaiser le climat parlementaire particulièrement tendu, alors que des motions de censure ont été déposées par le Rassemblement national et La France insoumise.

Le gouvernement cherche surtout à rallier le Parti socialiste, dont les voix sont décisives pour éviter la censure. Le PS, de son côté, réclame la suspension de la réforme des retraites.

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