Budget 2026 : les réformes fiscales prévues au nom de la « justice contributive »

Le 15 juillet 2025, lors de la présentation du plan budgétaire pour 2026, François Bayrou a dévoilé une série de mesures fiscales destinées à redresser les comptes publics. L’objectif ? Réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies notamment grâce à un gel des dépenses de l’État.
Parmi les mesures présentées : la création d’une contribution sur les hauts revenus, une réforme de l’abattement fiscal de 10% pour les retraités, et une remise à plat de certaines niches fiscales et sociales. Autant de dispositifs présentés comme relevant d’un effort de « justice contributive », dont la mise en place réelle sera à évaluer cet automne.
Une « contribution de solidarité » pour les plus riches
Dans un climat de forte tension autour du partage de l’effort fiscal - après l’échec de la mise en place d’une taxe minimale sur les ultra-riches portée par Gabriel Zucman - le gouvernement français tente de montrer patte blanche avec la création d’une « contribution de solidarité » ciblant les très hauts revenus.
Cette contribution concernerait les personnes célibataires déclarant plus de 250 000 € annuels et les couples sans enfants au-delà de 500 000 €. Elle prolongerait une taxe exceptionnelle instaurée en 2025, qui pourrait être reconduite de manière plus pérenne à partir de 2026.
L’objectif affiché est double : faire contribuer davantage les plus aisés à l’effort collectif, et lutter contre « l’optimisation abusive des patrimoines non productifs ». Une notion encore floue, qui soulève déjà des questions : comment juger du caractère « productif » d’un patrimoine ? Le gouvernement reste pour l’instant évasif sur ce point.
Les modalités exactes de la contribution seront donc définies à l’automne, mais l’exécutif insiste déjà sur le caractère ciblé, temporaire et symbolique de ce « pacte de solidarité fiscale ».
La fin de l’abattement de 10 % pour les retraités
Dans un contexte où le gouvernement cherche à contenir la dépense publique, les retraités ne sont pas épargnés par l’« effort collectif » : l’exécutif prévoit de supprimer l’abattement fiscal de 10 % appliqué aux pensions de retraite, en place depuis plus de 50 ans.
À partir de 2026, ce dispositif serait remplacé par une déduction forfaitaire unique de 2 000 € par an, quel que soit le niveau de la pension. Aujourd’hui, l’abattement fonctionne de façon proportionnelle : plus la retraite est élevée, plus le bénéfice fiscal est important, jusqu’à un plafond de 4 123 €. Le nouveau système allègerait donc la fiscalité des très petites retraites, mais demanderait un effort supplémentaire aux pensions plus élevées. Rappelons toutefois que les pensions « plus élevées » sont celles qui se situent au-delà de 20 000 euros par an, soit un peu plus de 1 660 € par mois.
Car au-delà de l’objectif affiché d’équité, cette réforme s’inscrit surtout dans la logique de redressement des comptes publics : l’abattement actuel représente près de 4,5 milliards d’euros de dépense chaque année. Reste à voir si le forfait unique sera perçu par la population comme plus équitable… Ou comme un nouveau coup de rabot sur les classes moyennes retraitées.
Un chantier flou sur les niches fiscales et sociales
Dernier pilier de l'effort budgétaire, la remise à plat des niches fiscales et sociales : ces mécanismes d’exonération ou de réduction d’impôt représenteraient plus de 160 milliards d’euros de dépenses fiscales.
Le gouvernement promet de s’attaquer aux dispositifs jugés obsolètes, inefficaces ou injustes. Sont notamment ciblés les dispositifs « en extinction » (qui ne concernent plus que quelques bénéficiaires), les exonérations dont l’impact économique n’est plus prouvé, ou encore les dispositifs bénéficiant principalement aux très hauts revenus ou aux grands groupes.
François Bayrou évoque une fois encore la « justice contributive », affirmant que les aides fiscales doivent être mieux ciblées et alignées sur les priorités sociales et écologiques du pays. Mais pour l’heure, aucune mesure concrète n’a été annoncée. Le détail des « niches » visées sera présenté à l’automne, dans le projet de loi de finances.