Budget 2026 : les députés troquent la taxe Zucman contre un « impôt sur la fortune improductive »
Dans le cadre des débats autour du budget 2026, les députés ont approuvé, vendredi, une modification majeure de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Son assiette est élargie et comprend désormais des bijoux, assurances-vie, œuvres d’art, cryptomonnaies… Voici quelques pistes pour y voir plus clair.
Origine et contexte : de la taxe Zucman à « l’impôt sur la fortune improductive »
Sans surprise, au vu des déclarations des différents partis et du vote en commission des finances la semaine précédente, les amendements de gauche défendant la mise en place d’une « taxe Zucman » ont été rejetés ce vendredi 31 octobre à l’Assemblée nationale.
Au cours de la même journée, les députés ont en revanche voté (163 voix pour et 150 contre) en faveur d’une transformation de l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI) en un « impôt sur la fortune improductive ». Celui-ci ne se limiterait donc plus seulement aux biens immobiliers.
Ce que prévoit le texte voté à l’Assemblée nationale
L’amendement d’origine, porté par le député MoDem Jean-Paul Mattei, proposait de remplacer l’IFI par cet impôt sur la fortune improductive, avec plusieurs réformes clés :
- Une assiette élargie intégrant divers actifs jusqu’ici exonérés, notamment les biens mobiliers non productifs, crypto-actifs, yachts, œuvres d’art ou encore certaines assurances-vie.
- La suppression du barème progressif de l’IFI (de 0,5 % à 1,5 %) au profit d’un taux unique de 1 %, appliqué à partir d’un patrimoine de 1,3 million d’euros.
À travers ce nouvel impôt, les députés souhaitent réorienter l’investissement des particuliers les plus aisés vers des patrimoines considérés comme « productifs » - tels que l’immobilier locatif ou le financement d’entreprises innovantes - plutôt que vers des placements jugés « improductifs ».
Un abattement sur la résidence principale
L’un des sous-amendements défendus par le Parti socialiste a introduit une mesure de protection : une résidence principale par foyer fiscal pourra être exemptée de l’impôt, dans la limite d’un abattement d’un million d’euros.
Selon la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, le rendement attendu de cette réforme se situerait entre un et trois milliards d’euros, contre 2,2 milliards pour l’IFI en 2024 et 4,2 milliards pour l’ISF en 2017.
Le chiffre précis reste cependant très incertain, car il dépend des modes de valorisation des actifs non liquides, des stratégies d’optimisation et des éventuelles exonérations.
Les économistes se montrent d’ailleurs prudents quant aux recettes réelles que ce nouvel impôt pourrait générer. Le gouvernement, qui s’opposait à un retour de l’ISF, reconnaît lui-même qu’il s’agit d’« une forme de fiscalité un peu hybride ».
Prochaine étape : le Sénat
Le texte doit désormais franchir l’étape du Sénat, où la majorité de droite pourrait en modifier profondément les paramètres - voire rétablir la progressivité du barème.
D’ici là, les débats promettent de se poursuivre sur la nature même de cette réforme : un outil de justice fiscale ou un compromis fragile entre symbolique politique et rendement budgétaire.