Baisse des taux de la BCE : quelles vont être les conséquences de la « fin du cycle monétaire » pour les Français ?

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Baisse des taux de la BCE : quelles vont être les conséquences de la « fin du cycle monétaire » pour les Français ?

Pour la huitième fois en un an, la Banque centrale européenne (BCE) a baissé ses taux le 10 juin dernier, notamment grâce au reflux de l'inflation sur le continent.

Une politique de détente monétaire qui a des conséquences directes sur votre capacité d’emprunt. Un contexte à priori favorable, donc. Susceptible de s’accentuer dans les mois à venir ? Rien n’est moins sûr...

Des baisses qui se poursuivent sur fond de lutte contre l’inflation

« La plupart des indicateurs suggèrent que l’inflation va se stabiliser autour de notre objectif de 2 % », a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, le 5 juin dernier. Une déclaration faite en marge de l’annonce d’une nouvelle baisse du principal taux directeur, désormais à 2 %.

Il s’agit de la huitième baisse depuis juin 2023, soit un assouplissement cumulé de 200 points de base. Une quasi-victoire pour l’institution de Francfort, dont la mission prioritaire reste la stabilité des prix.

Une stabilisation des taux à venir ?

Christine Lagarde n’a pas explicitement indiqué si la BCE poursuivrait cette trajectoire de baisse. La décision, a-t-elle précisé, sera prise « réunion par réunion, en fonction des données économiques disponibles ». Une réponse désormais classique, mais qu’elle a accompagnée aussi d’un message plus lourd de sens : « Nous arrivons à la fin d’un cycle de politique monétaire ». Autrement dit, une pause est envisageable, même si une ultime baisse reste possible si les conditions l’exigent.

Les marchés intègrent donc désormais l’idée que l’essentiel du cycle de détente monétaire est passé. Une dernière baisse d’ici fin 2025 n’est pas exclue, mais rien n’est garanti. Les taux actuels sont considérés comme proches d’un niveau « neutre » : ni trop restrictifs, ni trop accommodants.

Résultat : même si cette dernière décision était anticipée, elle pourrait marquer la fin de l’amélioration progressive des conditions d’accès au crédit observée depuis début 2024. Et donc avoir un impact plus ou moins direct sur votre capacité d’emprunt.

Un printemps et un été favorables aux crédits

Déjà en mars, nous évoquions dans un précédent article les effets positifs des baisses successives de taux sur les conditions de financement, notamment pour l’immobilier. Depuis un an, les taux des crédits immobiliers ont en effet reculé d’un point en moyenne en France, sous l’effet de cette politique monétaire plus souple.

Mais ce repli n’est pas linéaire. Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen s’est redressé à 3,11 % en mai contre 3,08 % un mois plus tôt. En cause : une baisse des intentions d’achat, des incertitudes géopolitiques accrues, et une conjoncture économique plus complexe.

Concrètement, la baisse des taux directeurs permet – au mieux – de maintenir des conditions de financement avantageuses, ou – au pire – d’en limiter la dégradation. Dans ce contexte, le printemps et l’été 2025 demeurent des périodes propices si vous avez un projet d’achat immobilier. C’est en effet à cette période que les transactions s’intensifient et que les banques se livrent une concurrence féroce pour attirer de nouveaux clients.

Un conseil : ne vous arrêtez pas à la première offre que vous recevez. Comparez, mettez les établissements en concurrence. Car si la prudence affichée par la BCE se confirme lors des prochaines réunions, la dynamique baissière des taux pourrait ralentir, voire s’inverser dès l’automne.

De plus, il ne faut pas oublier que la baisse des taux ne dépend pas uniquement de la BCE. Elle est également influencée par l’évolution de la conjoncture économique mondiale et par les tensions géopolitiques.

Des répercussions aussi sur votre épargne

L’impact des décisions de la BCE ne se limite pas à l’immobilier. Votre épargne est également concernée, à différents niveaux :

  • Les livrets réglementés. Si la BCE n’agit pas directement sur les taux des livrets comme le Livret A, le LDDS ou le LEP, elle influence néanmoins leur rendement par le biais des taux interbancaires. Avec le recul de l’inflation et des taux de marché depuis janvier, le rendement du Livret A et du LDDS pourrait passer de 2,4 % à 1,7 % dès août. Celui du LEP pourrait chuter de 3,5 % à 2,2 %, sauf décision contraire de la Banque de France ou du gouvernement.
  • Les marchés actions. Une politique de taux bas favorise généralement les marchés boursiers. Pourquoi ? Parce que les placements sécurisés rapportent moins, poussant les investisseurs vers des actifs plus risqués, comme les actions. De plus, les entreprises peuvent se financer à moindre coût, investir, croître, verser davantage de dividendes… et voir leur valeur en Bourse s’apprécier.
  • Les SCPI (Sociétés civiles de placement immobilier). Ces véhicules d’investissement dans l’immobilier locatif bénéficient aussi de taux bas. Lorsque le crédit est moins cher, la demande immobilière repart à la hausse. Ceci peut faire remonter les prix des biens et donc la valeur des parts de SCPI.
  • Les obligations d’État. Quand les taux baissent, les obligations anciennes à taux plus élevés prennent de la valeur. Un bon point pour ceux qui en détiennent déjà, puisqu’ils peuvent espérer une plus-value à la revente.

Pour résumer, les récentes déclarations de Christine Lagarde laissent penser que le pic de la détente monétaire est peut-être atteint. Si tel est le cas, les conditions actuelles – globalement favorables à l’investissement et au crédit – pourraient connaître un ralentissement à la rentrée prochaine.

Pour les Français, c’est aussi le moment de rester attentifs : des taux plus bas signifie des opportunités d’emprunt plus intéressantes, une valorisation des marchés actions et un retour d’intérêt pour certains placements comme les SCPI.

À l’inverse, les produits d’épargne réglementée pourraient offrir des rendements plus dégradés dès le mois d’août, même si la BCE n’est pas directement responsable, mais plutôt la baisse de l’inflation. Si ce n’est déjà fait, la période actuelle peut donc être tout-à-fait idéale pour faire le point sur votre portefeuille d’investissements.

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