Allocations familiales : allez-vous toucher jusqu’à 75 euros dès le premier enfant ?

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Allocations familiales : allez-vous toucher jusqu’à 75 euros dès le premier enfant ?

L’Assemblée nationale a adopté jeudi 5 juin en première lecture une proposition de loi symbolique : l’instauration d’allocations familiales dès le premier enfant.

Jusqu’à présent, en France, ces aides n’étaient versées qu’à partir du deuxième enfant. Cette mesure vise également à relancer la natalité, alors que celle-ci a atteint en 2024 un niveau historiquement bas.

De 19 à 75 euros en fonction des revenus

« Il apparaît pour le moins incongru que les allocations familiales, qui visent précisément à soutenir financièrement les familles en ce qui concerne l’entretien et l’éducation des enfants, ne soient accordées qu’à partir du deuxième enfant », indiquait le préambule de cette proposition de loi, déposée par le député de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) de Seine-Maritime, Édouard Bénard.

Soutenu par une large partie de la gauche ainsi que par le Rassemblement national, le texte a été adopté en première lecture par 103 voix. Le montant de l’aide serait de 75 euros par mois pour les parents dont les revenus se situent dans la première tranche, 38 euros pour la deuxième tranche, et 19 euros pour la troisième.

Une mesure pour tous les foyers

Derrière ce texte, une volonté claire : apporter un soutien financier à toutes les familles, quel que soit le nombre d’enfants. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle trouve aujourd’hui un écho particulier dans un contexte marqué par la baisse du pouvoir d’achat.

Les réalités économiques montrent que le premier enfant représente déjà un bouleversement financier majeur : logement plus grand, achat de matériel de puériculture, frais de garde… autant de postes que les jeunes parents doivent supporter sans aide jusqu’à présent. Rappelons qu’en France, les familles avec un seul enfant à charge représentent un tiers des foyers.

Mais au-delà des aspects économiques, cette réforme vise aussi à enrayer le recul de la natalité. Les Français font de moins en moins d’enfants : un récent rapport de l’Insee indique que janvier 2025 marque le 31e mois consécutif de baisse des naissances.

Le taux de fécondité s’établissait à 1,62 enfant par femme en 2024, loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1. Ce vieillissement rapide pourrait à terme provoquer un « tsunami démographique » comme l’indique le rapport, avec de lourdes conséquences, notamment sur l’équilibre du système de retraite par répartition.

Une question de financement qui divise

La mesure doit encore franchir l’étape du Sénat, où le centre pourrait se montrer plus réservé. Certains élus ne cachent pas leurs doutes. C’est le cas par exemple de Sylvain Maillard, député Ensemble pour la République : « Nous ne comprenons pas comment vous allez financer cette proposition de loi », a-t-il déclaré.

Selon les calculs effectués par le média 20 Minutes, le coût de la mesure avoisinerait les 3,58 millions d’euros. « La trajectoire financière de notre modèle de sécurité sociale ne nous permet pas de mettre en place une telle mesure sans réformes majeures impliquant des économies », a indiqué de son côté la macroniste Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap.

« Pour la financer, on peut rendre cette prestation imposable et diminuer d’autres aides versées à des familles nombreuses », a concédé le sociologue Julien Damon au micro de RMC, tout en pointant la charge budgétaire que représenterait ce dispositif.

Rappelons qu’aujourd’hui, la France reste l’une des rares nations européennes à ne pas verser d’allocation dès le premier enfant, contrairement à plus de 90 % des pays du Vieux Continent, qui adoptent des politiques familiales plus généreuses.

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