Actualisation de la liste des métiers en tension : un nouvel arrêté facilite l’emploi de travailleurs étrangers

Dans un arrêté du 21 mai 2025, le gouvernement a mis à jour la liste des métiers en tension. L’objectif de cette liste est de permettre l’embauche -et dans certains cas, la régularisation- de travailleurs étrangers hors Union européenne, Suisse et Espace Économique Européen, dans les secteurs les plus exposés aux difficultés de recrutement.
Un levier d’accès au marché du travail
La liste des métiers et zones géographiques en tension vise à simplifier les démarches des employeurs qui souhaitent recruter un travailleur étranger, et à lever, dans certains cas, l’opposabilité de la situation de l’emploi, habituellement requise pour l’obtention d’une autorisation de travail.
Pour mémoire, les ressortissants qui ne viennent pas de la Suisse, de pays de l’Union européenne ou de l'Espace Économique Européen (Norvège, Islande, Liechtenstein) ne peuvent travailler en France que s’ils disposent d’un titre les y autorisant. En temps normal, pour conférer ce titre, l’administration examine si le marché du travail local dispose déjà de candidats disponibles. C’est ce que l’on appelle l’opposabilité de la situation de l’emploi : si des demandeurs d’emploi sont jugés aptes à occuper le poste, la préfecture peut refuser l’autorisation de travail d’un travailleur étranger.
Or, cette contrainte disparaît lorsque le métier en question figure sur la liste des secteurs et territoires en tension (c’est-à-dire particulièrement touchés par des pénuries de main d’œuvre) : dans ce cas, la situation de l’emploi n’est plus opposable. La demande d’autorisation est alors traitée plus rapidement, sans évaluation préalable de l’offre locale.
Vers une cartographie plus précise des métiers en tension
Cette liste est actualisée chaque année afin de mieux refléter l’évolution des besoins du marché de l’emploi. Or, contrairement aux années précédentes, la révision 2025 s’appuie non seulement sur les tensions identifiées sur le marché de l’emploi, mais également sur la proportion de travailleurs étrangers déjà présents dans chaque métier : une approche qui permet d’objectiver la dépendance de certains secteurs à la main-d’œuvre venant de l’étranger.
Une ouverture vers la régularisation des travailleurs en situation irrégulière ?
Outre la facilitation des démarches pour les employeurs, la liste pourrait également avoir un impact sur le droit au séjour. En effet, jusqu’à la fin de l’année 2026, elle permet à des travailleurs étrangers en situation irrégulière, mais occupant un emploi dans un secteur en tension, de demander un titre de séjour temporaire. Un mécanisme d’admission exceptionnel, qui repose sur la reconnaissance d’une insertion professionnelle effective dans un secteur stratégique.
De quels secteurs parle-t-on ?
Le contenu de la liste 2025 illustre les tensions multiformes auxquelles fait face le marché de l’emploi français. Par exemple, alors qu’en Île-de-France, 41 métiers sont concernés, la Bretagne n’en recense que 23. Les secteurs représentés vont de l’agriculture au bâtiment, en passant par la restauration, les services ou encore certaines professions techniques et qualifiées. Cette diversité souligne à la fois l’ampleur des besoins et le rôle structurant que jouent les travailleurs étrangers dans le fonctionnement de pans entiers de l’économie.
Loin d’être un simple outil administratif, cette liste s’impose donc comme un instrument de pilotage à la croisée des politiques migratoire, sociale et économique. Son actualisation annuelle pourrait offrir la souplesse nécessaire pour ajuster les règles à la réalité du terrain, tout en posant les bases d’un débat de fond sur l’immigration de travail et ses enjeux pour la société française.