Absentéisme : explosion du nombre d’arrêts de travail de longue durée chez les 40 ans et moins en 2018

L’absentéisme au travail continue d’augmenter en France, c’est le constat tiré du 11e baromètre de l’absentéisme, réalisé par l’agence de conseil Ayming, cabinet de conseil en gestion d’affaires, en partenariat avec AG2R La Mondiale et publié ce mardi.
Fait inquiétant, les absences de plus de 90 jours explosent chez les 40 ans et moins. En face, les entreprises semblent démunies et peinent à actionner les leviers visant à lutter contre cet absentéisme de longue durée.
Un taux d’absentéisme qui augmente de 8 % en 2018
L’étude révèle qu’en France, le taux d’absentéisme global s’élève à 5,10 % en 2018, soit une progression de 8 % par rapport à 2017 (4,70 %) : cela représente en moyenne 18,6 jours d’absence par an et par salarié (contre 17,2 jours en 2017).
Cette hausse du taux d’absentéisme s’observe pour l’ensemble des secteurs d’activité et notamment celui des services, fortement impacté (5,26 %), alors qu’il avait amorcé une baisse en 2017. Le secteur le plus touché par l’absentéisme reste toutefois celui de la santé (5,82 %), à cause des « fortes contraintes organisationnelles, physiques et psychiques » inhérentes au domaine.
Si l’on compare maintenant l’absentéisme au travail en fonction du sexe : les femmes sont beaucoup plus absentes que les hommes (5,73 % contre 3,83 %). Cette différence marquée s’explique du fait de leur statut plus précaire, de l’exercice d’activités génératrices de troubles musculo-squelettiques, d’arrêts maladie liés aux grossesses, ou encore, des tâches domestiques encore très dévolues aux femmes.
En outre, le taux d’absentéisme des salariés croît logiquement avec l’âge : il s’établit ainsi à 2,48 % chez les 25 ans et moins, contre 7,40 % chez les 56 ans et plus.
Toutefois, l’absentéisme de longue durée (de plus de 90 jours), a fortement augmenté chez les salariés de 40 ans et moins (+ 23 % en 2018) alors que pour les salariés de 41 ans et plus, la hausse reste plus modérée (+ 9 %).
Les arrêts maladie de longue durée explosent chez les 40 ans et moins
En 2018, les arrêts maladie de longue durée ont crû, tous âges confondus, de 10 % par rapport à l’année précédente. Comme précité, le nombre d’arrêts maladie de plus de 90 jours a fortement augmenté chez les 40 ans et moins. Selon le baromètre, plusieurs raisons tendent à expliquer ce phénomène :
- Aujourd’hui, les salariés présentent des restrictions ou inaptitudes médicales plus importantes que leurs aînés au même âge
- Meilleure prise compte des maux liés au travail par les salariés eux-mêmes mais également par les professionnels de santé. Ceci marque une évolution des mentalités et un changement dans le rapport entretenu avec le travail : les jeunes sont moins dans une démarche sacrificielle face à l’emploi.
Pour preuve, si l’on regarde le détail des raisons d’absence au travail invoquées par les salariés de 40 ans et moins, on retrouve :
- L’état de santé
- La maladie professionnelle
- Les conditions de travail difficiles
- L’épuisement professionnel
Les entreprises peinent à gérer les absences de longue durée
Selon Ayming, les entreprises auraient du mal à agir face à ces arrêts maladie de longue durée, alors même que ce sont des absences qui désorganisent le quotidien de travail. Elles pensent manquer de leviers d’action afin de prévenir et gérer cet absentéisme.
Ainsi, beaucoup de structures peinent à trouver des solutions en termes d’aménagement de poste ou de reclassement pour leurs salariés en restriction de poste ou inaptitude.
Toutefois, même lorsque les solutions existent, elles sont peu mises en œuvre : « 44 % des salariés interrogés expriment qu’aucune action n’est mise en place dans leur entreprise au retour du salarié absent. Et seulement 18 % des salariés absents ont été reçus en entretien de retour par leur manager ».
Afin de lutter contre ces absences de longue durée, il existe bien quelques leviers d’action. Parmi eux :
- Maintenir le contact avec le salarié durant son arrêt de travail : « 80 % des salariés interrogés perçoivent positivement le fait que l’entreprise prenne de leurs nouvelles durant leur arrêt de travail. Ce pourcentage passe à 89% pour les salariés absents ayant été contactés »
- Agir sur les facteurs de risque et de désengagement des salariés en poursuivant notamment une politique d’amélioration des conditions de travail, de mise en place d’actions de prévention des accidents du travail et de la pénibilité, etc. En outre, l’employeur doit être vigilant quant aux situations de souffrance au travail et de désengagement, provoquées par le manque de reconnaissance, d’éthique de l’entreprise, etc.