A la recherche d’économies, le Gouvernement s’intéresse à la prise en charge des affections de longue durée (ALD)

Fini le « quoi qu’il en coûte », place aux économies ! Alors que le Gouvernement souhaite ramener le déficit à moins de 3 % du PIB en 2027, il doit poursuivre sa politique d’austérité.

En matière de prise en charge des frais de santé, il se pourrait que le doublement des participations forfaitaires et franchises médicales annoncés dernièrement mais également la baisse de la prise en charge Sécu en dentaire, ne soit que l’arbre qui cache la forêt.

En effet, dans le cadre de la préparation du budget 2025, l’Exécutif cherche à identifier les éventuelles pistes d’économies. Sur ce point, en novembre dernier l’ex-Première ministre Elisabeth Borne avait lancé 6 « revues des dépenses ». Parmi les thèmes abordés dans ces revues de dépenses, la prise en charge des affections de longue durée (ALD) appelées encore maladies chroniques, dont le coût est croissant.

C’est quoi une affection de longue durée (ALD) ?

Une affection de longue durée (ALD) est une maladie dont le caractère grave ou chronique nécessite un traitement prolongé.

On distingue deux types d’ALD :

• Les ALD exonérantes : les soins relatifs au traitement de l’ALD sont généralement très coûteux et sont pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Parmi ces maladies, on note : l’AVC invalidant, le diabète, l’insuffisance cardiaque grave, la tuberculose active, les affections neurologiques et psychiatriques graves, le cancer…
• Les ALD non exonérantes : elles nécessitent un arrêt de travail et un traitement d’une durée supérieure à 6 mois, mais le patient n’est pas pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie dans le cadre de ses soins (ex : glaucome, arthrose, hypothyroïdie, épilepsie).

Pour en savoir plus : Quels sont les différents types d'ALD ?

Les maladies chroniques représentent les 2/3 des dépenses remboursées par l’Assurance maladie

Selon le rapport 2022 d’évaluation des politiques de Sécurité sociale, on dénombrait 11,7 millions de personnes prises en charge au titre d’une ALD en 2021, soit 18 % de la population couverte.

Le constat est que la part des dépenses relatives aux assurés en maladie chronique dans le total des remboursements de l’Assurance maladie « est en augmentation continue ».

Ainsi au titre de l’année 2020, les dépenses remboursées par l'Assurance maladie relatives aux assurés en ALD sont estimées à près de 110,1 milliards d'euros sur un total de 166,8 milliards d’euros. C’est donc 66 % des dépenses remboursées, contre 61,6 % il y a 10 ans.

Malheureusement, la dépense totale de santé continuera d’augmenter du fait du vieillissement de la population et pour cause :

• Les dépenses de santé augmentent avec l’âge et le vieillissement qui a été effet indéniable sur l’accroissement du nombre de cas de pathologies lourdes
• Les évolutions sociodémographiques de la population accroissent les facteurs de risque qui pèsent sur elle.

La meilleure prise en charge des pathologies chroniques contribue également à l’accroissement des dépenses de santé. Les soins apportés aux patients en ALD s’améliorent considérablement au fil du temps. Ainsi :

• Les dépistages précoces permettent de traiter les pathologies avec de meilleures chances d’endiguer leur progression et prolongent ainsi l’espérance de vie des patients atteints, avec la conséquence paradoxale d’amplifier encore la croissance des effectifs en ALD ;
• L’innovation rapide rend par ailleurs disponibles de nouveaux traitements plus performants, qui permettent de traiter plus de patients et de prévenir de manière plus fiable les complications qui surviennent ;
• Grâce à un meilleur suivi de leur état de santé, les patients souffrant d’une pathologie chronique lourde sont mieux couverts par le dispositif ALD.

Pour l’heure, il est difficile de présager des propositions qui pourraient être formulées à l’issue de la revue de dépenses. Le Gouvernement va-t-il modifier la liste des ALD exonérantes ? Va-t-il réduire le niveau de la prise en charge des maladies chroniques à travers un transferts de charges vers les complémentaires santé ? Affaire à suivre…